DISCOURS DE MONSIEUR SERIGNE MBOUP, MAIRE DE KAOLACK, À L’OCCASION DE LA JOURNÉE NATIONALE DE L’ÉLEVAGE
Excellence, Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l’Élevage,
Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement,
Monsieur le Gouverneur de Kaolack
Messieurs les Chefs religieux et coutumiers,
Chers éleveurs et acteurs de la filière,
Honorables invités en vos rangs, grades et titres,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec un immense honneur et une grande fierté que je vous souhaite la bienvenue à Kaolack, ville carrefour, terre d’échanges et de traditions, qui accueille aujourd’hui la Journée nationale de l’Élevage.
Kaolack est une ville au cœur de l’histoire politique et économique du Sénégal
Monsieur le Président, votre passage à Kaolack durant la campagne présidentielle a marqué les esprits. Votre interview, qui a retenu l’attention et augmenté la sympathie de tout le pays à votre endroit, réaffirmait le rôle central de notre ville dans l’histoire politique et économique du Sénégal.
En effet, Kaolack a été le théâtre de nombreux moments décisifs pour notre nation:
C’est ici que le Président Senghor a sollicité le soutien de figures emblématiques telles qu’Ibrahima Seydou Ndao et Waldiodio Ndiaye.
C’est ici que le Président Abdou Diouf a affirmé son leadership lors des événements de 1968.
C’est ici que le Président Abdoulaye Wade a tenu le premier congrès de son parti en 1974.
Pourtant, malgré cette richesse historique et politique, Kaolack demeure souvent en marge des programmes gouvernementaux.
WOLOF TARIKHA ET SECTEUR PRIVE
Pour en revenir à l’événement du jour,
Le thème de cette journée, « La valorisation des produits d’origine animale, un stimulateur pour la souveraineté alimentaire au Sénégal », met en lumière une problématique essentielle : comment transformer cette filière en un moteur durable de notre autonomie alimentaire dans une Afrique qui décolle, mais qui butte parfois sur une mondialisation aux effets pervers.
A l’image d’un animal tel qu’une vache, une simple vache laitière du Sénégal. Elle incarne paradoxalement un pays qui pourrait être autosuffisant, mais qui reste dépendant d’une production européenne dépouillée de toutes ses valeurs nutritionnelles et importée a des prix subventionnés à hauteur de 90% pour être vendue au Sénégal sous forme de poudre au peuple Sénégalais au détriment de notre production locale.
Comment peut on imaginer que le lait des producteurs de Nouvelle Zélande, pays distant de 15 000 km, est disponible dans nos boutiques de quartiers alors que le lait produit à Daara Djoloff, au Fouta ou même dans le Saloum n’est pas disponible ?
Monsieur le Président, retenez que ces paradoxes sont le reflet des freins qui gangrènent toute notre économie : que ce soit dans l’industrie huilière, Textile et tant d’autres domaines importants.
Nos matières premières brutes sont exportées contre l’importation de produit finis.
Monsieur le Président, nous avons aujourd’hui une opportunité unique de renverser cette tendance
On a certes quelques avancées à encourager avec des industries comme Dolima et le programme Anipal mais cela n’est pas suffisant pour assurer la souveraineté.
Je tiens à remercier le Ministère de l’Agriculture pour son appui technique et son encadrement.
Votre récent engagement pour la formalisation du secteur informel est aussi important pour des entreprises comme notre groupe CCBM qui comme j’aime bien le rappeler tire ses racines, dans le secteur dit informel, mais, les leçons que je tire de ce secteur, m’incitent à poser devant vous la problématique du grand malentendu qui existe entre l’Administration et cet important maillon du secteur privé.
Le secteur informel ou péjorativement parlant secteur des Modou-Modou et des Baol-Baol, est à mon avis pas suffisamment bien compris par le pouvoir public et une méfiance réciproque existe entre eux.
Du fait de ce malentendu, les acteurs informels craignent leur modernisation qui n’occasionnera à leurs yeux que plus d’impôts sans aucune contrepartie palpable en retour de la part de l’Administration.
Aujourd’hui encore 25 ans après les premières tentatives de structuration et de modernisation du secteur informel, la problématique reste entière mais les Chambres de Commerces ont néanmoins pris une longueur d’avance en structurant notre tissu économique avec des initiatives telles que la Maison de l’Entreprise, le Centre de Gestion et de développement des PME encadré par plusieurs projets et programmes dont l’efficacité a été prouvée par une étude de l’ANSD. Monsieur le Président, c’est fort de tout cela que je vous suggère respectueusement d’instituer la « Semaine des Chambres Consulaires ». Cet événement offrirait un cadre annuel aux acteurs économiques de toutes tailles pour présenter leurs innovations et leur savoir-faire. Nous pourrions ainsi mieux valoriser notre potentiel et affirmer notre place sur l’échiquier économique mondial. Les sénégalais sont des champions !
Dans la même dynamique, il est essentiel de repenser notre modèle de financement. Le secteur privé contribue à de nombreux prélèvements obligatoires : COSEC, Caisse de Sécurité Sociale, IPRES, Fonds de l’Emploi, Caisse des Dépôts et Consignations, entre autres. Ces fonds pourraient jouer un rôle clé dans le développement du secteur privé et la réalisation d’infrastructures. Cependant, il est nécessaire de revoir leur mode de fonctionnement et leur mutualisation
Monsieur le Président,
Je ne saurais poursuivre sans évoquer le rôle central des communes dans la dynamique de développement national.
Le développement local est indissociable du dynamisme du secteur productif. Nos actions s’articulent autour de l’aménagement du territoire, du développement économique, , nous avons réussi à optimiser nos ressources, économisant ainsi 60 % de nos revenus. Cela nous a permis, entre autres, de mettre en place un service municipal de travaux publics, grâce notamment à l’appui du génie militaire avec le commandant de zone, du gouverneur et du préfet, que nous remercions tous vivement. Cette initiative a considérablement réduit notre dépendance aux prestataires externes.
Toutefois, les collectivités ont besoin d’un appui plus conséquent pour être de véritables relais de votre politique nationale.
À Kaolack, nous disposons d’un budget passé de 4 a 8 milliards de FCFA, dont plus de 5 milliards sont consacrés aux investissements. Mais entre les marges des fournisseurs, la TVA, les impôts et charges salariales, plus de 2 milliards sont absorbés, limitant ainsi notre capacité d’action.
Il est donc crucial de repenser les modes de financement des collectivités, en intégrant de nouvelles ressources.
Un autre point à corriger est fondamental : la suppression de la police municipale par décret, alors que la loi en prévoit l’existence. Cette situation complique la gestion de nos villes, notamment dans la lutte contre l’occupation anarchique de l’espace public. Aujourd’hui, nous sommes contraints de solliciter la police nationale, une solution coûteuse et non pérenne. Il est urgent de rétablir la police municipale, afin d’assurer une gouvernance locale plus efficace.
Monsieur le Président les collectivités territoriales sont le socle du développement national. Nous sommes votre démembrement, et nous sommes à votre service. Nous plaidons pour une gouvernance territoriale renforcée, où les collectivités joueront pleinement leur rôle de bras opérationnels de l’État, avec des ressources adaptées à leurs ambitions.
La transformation du Sine Saloum en pôle territoire économique s’inscrit pleinement dans la Vision Sénégal 2050, qui vise à :
Accélérer l’industrialisation et la modernisation des infrastructures.
Renforcer la création de richesse à travers des partenariats public-privé efficaces.
Promouvoir l’inclusion économique et sociale, notamment pour les jeunes et les femmes.
Assurer un développement durable et écologique.
Le SINE SALOUM se positionne donc comme un acteur-clé de cette stratégie, en alignant ses initiatives locales sur les orientations nationales. Nous sommes disposés à collaborer activement avec l’État pour concrétiser ces ambitions communes.
Que cette Journée nationale de l’Élevage marque le début d’une transformation en profondeur du secteur. Nous avons les ressources, nous avons la volonté et avec votre leadership, Monsieur le Président, nous réussirons.
Vive l’élevage sénégalais ! Vive Kaolack ! Vive le Sénégal !
Je vous remercie.