Aïssata Tall Sall, il aurait suffi d’un seul instant d’humanité. Un instant où votre voix aurait pu s’élever, ne serait-ce qu’une fois, pour condamner l’innommable. Mais ce moment n’est jamais venu. Vous n’avez montré ni compassion ni indignation face à ces mères brisées, leurs enfants fauchés par des balles injustes, victimes d’un régime qui écrase tout sur son passage pour préserver ses privilèges.
Votre silence a résonné plus fort que toutes vos prises de parole. Votre alignement, votre défense aveugle des intérêts d’un pouvoir corrompu, a été un choix clair : celui de l’oppression. Vous avez choisi le camp des assassins, celui des prédateurs qui pillent les deniers publics tout en regardant le peuple s’enliser dans la misère. Vous avez choisi de piétiner la dignité de ce pays, celui qui a cru en des valeurs de justice, d’unité et de progrès.
Nous n’oublierons pas. Ni les nervis armés jusqu’aux dents, traquant les opposants dans les rues de Dakar, ni le sang des innocents versé pour protéger les trônes vacillants des puissants. L’histoire retiendra votre nom, mais elle ne le retiendra pas dans les chants des bâtisseurs. Elle le retiendra comme celui d’une complice silencieuse, d’une avocate des oppresseurs, d’une figure de la trahison.
Vos envolées en français soigné, vos discours tirés à quatre épingles, ne masqueront pas votre rôle. Pas plus que vos appels maladroits à la fibre ethnique.
Le Sénégal ne se pliera pas à ces divisions insidieuses. Le Sénégal est un et indivisible. Il l’a été avant vous. Il le sera après vous.
Alors dites-moi, Aïssata Tall Sall, comment trouvez-vous encore le sommeil dans la noirceur de vos nuits ? Quand le silence des familles endeuillées vous assaille-t-il ? Quand leurs larmes inondent-elles vos rêves ? Le poids de ces âmes innocentes, arrachées à la vie dans la fleur de l’âge, ne peut être balayé d’un revers de la main. Ces morts hantent déjà vos nuits, et elles hanteront à jamais votre conscience.
Vous invoquez la justice divine, mais sachez qu’elle sera implacable. Elle ne pardonnera ni la lâcheté, ni la cupidité, ni la compromission. Elle frappera ceux qui, comme vous, ont sacrifié l’espoir et la dignité de ce peuple pour un privilège passager.
Le temps de l’impunité touche à sa fin. Nous ne baisserons plus les bras. Nous ne courberons plus l’échine. Ce pays appartient à son peuple, pas à une poignée de dignitaires corrompus et sans scrupules.
Le sang versé ne sera pas vain. La vérité triomphera. L’histoire vous jugera. Et elle sera sans pitié.
Maky Madiba Sylla , Cinéaste et acteur culturel